Deux hommes, un blanc et un noir.
Le Noir est un de ces migrants qui, par dizaines de milliers, au risque de leur vie, se pressent aux frontières de l’Europe pour chercher refuge, fuyant devant les quatre cavaliers de l’Apocalypse de Saint Jean.
Le Blanc est celui qui pourrait lui accorder l’asile.
Le Noir n’est-il qu’un pauvre bougre, comme il y en a tant, qui traversent la Méditerranée?
Un mythomane victime de son propre délire mystique ou bien vient-il encore une fois par son martyre accomplir la mission que lui a confiée le Père?
“Je ne suis pas venu de mon plein gré. C’est le seigneur mon père qui m’envoie. Je suis venu accomplir sa volonté”.
Des radeaux remplis de désespérés risquant le naufrage, le cadavre d’un enfant étendu sur une plage: ce sont là des images que la télévision diffuse quotidiennement dans nos maisons, entre deux interruptions publicitaires, au risque d’annuler, par l’accoutumance au spectacle de la douleur, la pleine conscience des événements.
Le théâtre peut et doit recourir à la parole pour raconter et donner une vision différente de cette tragédie historique.
Sur la scène du “Christ clandestin”, le Noir et le Blanc se confrontent comme dans les anciens “morality plays”, proposant à nouveau le conflit entre le Bien et le Mal, entre les paraboles de l’Evangile et les dogmes utilitaristes d’une nouvelle religion, celle des marchés financiers: divinités qui flottent au-dessus de nous toute puissantes, ignorant la miséricorde pour les pauvres ou les clandestins.
Le Noir se manifeste en tant que Christ réincarné, mêlé aux milliers de pauvres bougres, lesquels vivent un vrai chemin de croix dans leur voyage vers une Europe de plus en plus égoïste, représentée par le cynisme du Blanc, fonctionnaire chargé de l’accueil.
L’inversion des rôles – le Blanc devient le Noir et le Noir prend l’identité du Blanc – repropose, au-delà de la couleur de peau, un conflit destiné à se perpétuer tant que la parole de l’Évangile ne sera pas réellement entendue et mise en pratique.
Bruno La Brasca
Après des cours chez René Simon et Tania Balachova mes premières rencontres avec la scène d’abord avec la compagnie L’Equipe et la compagnie Daniel postal j’ai fréquenté dans les années 70’ le monde du cinéma (Une fille unique , L’affiche rouge, La chanson de Roland, La barricade du point du jour) Ma passion pour le théâtre m’a rattrapé au début des années 80’ Catherine de Seyne ,Catherine Dasté, Pierre Ascaride, le Centre Textes (pour la dramaturgie italienne contemporaine pour lequel j’ai participé à de nombreuses mise en espace) Wladislaw Znorko, la compagnia Casale…au début du nouveau millénaire avec le Golem Théâtre avec lequel je travaille actuellement (Casablanca 41’, En Fuite, Un Roi sans Divertissement) et des parcours scéniques à paris Sur l’Affaire du collier de la Reine, sur les pas de DANTE à Paris, La Commedia et la naissance du théâtre français…
(Bruno La Brasca)
Gaspard Njock
Artiste multidisciplinaire né en 1985 au Cameroun dans la ville de Douala, il crée, produit et fait la promotion de spectacles mêlant musique et arts plastiques, en particulier l’opéra et la bande dessinée. Passionné d’arts visuels depuis son enfance, il lit les bandes dessinées franco-belges et commence à peindre des tableaux abstraits dès 1999. Après une brève période autodidacte, il obtient une bourse d’études qui lui permet de se rendre à Rome en 2008. Il y découvre l’opéra et entrevoit un lien étroit entre la musique, le chant et le dessin. Dès lors, il se spécialise dans la recherche sur l’interaction entre l’art lyrique et la bande dessinée. Sa formation en Italie à l’école romaine de la bande dessinée (Scuola Romana dei Fumetti) s’accompagne aussi d’une spécialisation dans l’écriture de spectacles.
Il est détenteur d’un diplôme universitaire en sciences et arts du spectacle de l’Université de Rome Sapienza, où il acquiert des compétences pratiques dans le domaine de la dramaturgie musicale, le cinéma et l’histoire de l’art. Il a travaillé en collaboration avec des institutions scolaires en dispensant des cours d’histoire de l’art et de bande dessinée. Actuellement, il poursuit ses recherches à l’UFR de musique et musicologie de l’université Lettres-Sorbonne sur le rapport entre le visuel et le sonore.
Gaspard a publié une bande dessinée en Italie, évoquant les grandes inventions de l’illustre humaniste Aldo Manuzio chez Tunué qui traite de l’importance et de la naissance du livre de poche. Il publie aujourd’hui chez Nouveau Monde Graphic (Paris), Un voyage sans retour qui porte un regard alternatif sur le thème des migrations. Gaspard a présenté un nouveau projet de bande dessinée qui aborde les correspondances entre la bande dessinée et la musique : Maria Callas, L’enfance d’une Diva. Sa démarche artistique consiste à démontrer qu’il est possible de traduire graphiquement des perceptions sonores, partant d’une étude structurelle de la musique pour arriver aux analogies insoupçonnables qui la relient aux arts plastiques et à la bande dessinée en particulier.
Franco Gervasio
Comme metteur en scène de théâtre, Franco Gervasio a grandi professionnellement au Teatro Stabile de Turin aux côtés de Mario Missiroli, de Dario Fo et de Luca Ronconi.
Après sa maîtrise de mise en scène au DAMS de Bologne, où il a étudié avec Umberto Eco, Luigi Squarzina et d’autres personnalités de la culture italienne, il a travaillé à Paris au Théâtre National de Chaillot avec Antoine Vitez.
Il a à son actif une centaine de mises en scène de théâtre qui vont des classiques, comme son bien-aimé Molière, avec une œuvre inédite en Italie, à Goldoni, présenté à la biennale de Venise, jusqu’aux classiques grecs dans des théâtres historiques.
A Beaubourg il a mis en scène « Orgie » de Pasolini pour le Festival d’automne. Le Festival de Hammamet a produit « Tragedia Popolare » de Mario Missiroli, présenté précédemment à Spolète où il était présent à la fois comme metteur en scène et producteur.
Son intérêt particulier pour le théâtre contemporain l’a conduit à travailler avec Marc Perrier, Maricla Boggio, Pietro Favari, Emilio Isgro, Stephan Mac Donald et d’autres auteurs internationaux. Ses textes, en tant qu’auteur, ont été montés au Teatro Stabile de Bologne et dans d’autres théâtres italiens.
Ses mises en scène d’opéras lyriques ont été commandées par le Maggio Musicale Florentin, le Teatro Verdi de Trieste, l’Opéra Festival de Copenhague et d’autres théâtres italiens. Il a dirigé des théâtres publics, privés et des festivals. Il a été membre du comité de direction de Teatri Stabili et d’Institutions internationales.
Comme artistes plasticien il a exposé à Milan, Istanbul, Dubaï et Rhodes Island. Il a été l’un des soixante-dix artistes choisis pour représenter l’Italie à l’Expo Milan 2015. Il a participé à la Biennale de Vénétie, à celle de Carrare, à des expositions collectives et à des foires d’art en Italie, à New York, à Bâle, Berlin, Shanghaï, Dubaï, Londres, Barcelone, Innsbruck avec ses installations « Landscape Theater », ses sculptures néon « Lightlands », ses peintures « Landscapes » et ses photographies « Urbanscape » : des œuvres inspirées par le paysage de la campagne et le paysage urbain parcouru de nuit, son appareil-photo en main.
Pietro Favari
Diplômé en Architecture au Politecnico de Milan. A enseigné au Dams de Bologne « théories et techniques du langage radio-télévisuel ».
Professeur à l’Académie d’art dramatique « Silvio d’Amico »
Critique théâtral pour de nombreux quotidiens et revues italiens.
Nombreuses collaborations à la radio et la télévision italiennes.
Principales œuvres théâtrales : Cenerentola in cerca d’autore, Salve regina, Sentimental, Il sofà indiscreto, La lussuria, L’ultimo desiderio, Le nuvole sul divano, La grande sorella, Monsieur Goldoni, Fratelli d’Italia, Museo delle utopie, Cristo Clandestino.
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